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Guerre Israël-Hamas : ce qu’il faut retenir de la journée du 7 janvier

Sans aucun signe de répit, la guerre entre Israël et le Hamas palestinien est entrée, dimanche 7 janvier, dans son quatrième mois. Israël a juré de détruire le Hamas lorsque ce dernier a attaqué son territoire, le 7 octobre, causant la mort de 1 140 personnes, essentiellement des civils, selon un décompte de l’Agence France-Presse (AFP) qui s’appuie sur un bilan israélien. Environ 250 personnes ont été enlevées, et une centaine d’entre elles ont été libérées à la faveur d’une trêve, à la fin de novembre.
L’offensive israélienne a fait 22 835 morts dans la bande de Gaza assiégée, majoritairement des civils, selon le ministère de la santé du Hamas. Ce bilan n’a pas pu être vérifié de manière indépendante. Les bombardements ont détruit des quartiers entiers, poussé à la fuite 85 % de la population et provoqué une crise humanitaire catastrophique d’après l’ONU.
Le ministère de la santé du Hamas dans la bande de Gaza a affirmé dimanche qu’une frappe aérienne israélienne avait tué deux journalistes palestiniens à Rafah. Moustafa Thuraya, un vidéaste pigiste travaillant avec l’AFP depuis 2019, et Hamza Al-Dahdouh, journaliste de la chaîne Al-Jazira, ont été tués alors qu’ils circulaient en voiture. Dans un communiqué, la chaîne qatarie a condamné « le ciblage et l’assassinat » des journalistes à Gaza. Un troisième journaliste qui voyageait avec eux, Hazem Rajab, a été grièvement blessé.
L’armée israélienne a déclaré à l’AFP avoir « frappé un terroriste qui pilotait un appareil volant représentant une menace pour les troupes », ajoutant être « au fait des informations selon lesquelles, au cours de la frappe, deux autres suspects qui se trouvaient dans le même véhicule avaient aussi été touchés ». C’est une « tragédie inimaginable », a déclaré le secrétaire d’Etat américain, Antony Blinken, qui a entamé une nouvelle tournée dans la région.
Des témoins ont également fait état de frappes aériennes israéliennes à Khan Younès, principale ville du sud de la bande de Gaza et nouvel épicentre des combats entre les soldats et le Hamas, l’agence officielle palestinienne WAFA dénombrant de nombreux morts et blessés.
En Cisjordanie, territoire palestinien occupé par Israël depuis 1967, un raid des forces israéliennes a coûté la vie à huit Palestiniens, à Jénine, selon l’Autorité palestinienne, tandis que deux Israéliens, une policière et un civil, ont également perdu la vie.
Samedi, l’armée, qui a lancé son offensive terrestre le 27 octobre dans le territoire palestinien, a annoncé avoir « achevé le démantèlement de la structure militaire du Hamas dans le nord ». « Nous nous focalisons désormais dans le centre et le sud », a dit le porte-parole de l’armée Daniel Hagari, précisant toutefois que des éléments du Hamas opéraient toujours dans le nord « sans structure et sans commandant ».
Classé « groupe terroriste » par les Etats-Unis et l’Union européenne, le Hamas a pris en 2007 le pouvoir à Gaza, deux ans après le retrait unilatéral d’Israël de ce territoire après une occupation de trente-huit ans. Israël a ensuite imposé à partir de 2007 un blocus aérien, maritime et terrestre au territoire, avant un siège total depuis le 9 octobre.
Malgré les pressions internationales et les appels au cessez-le-feu, Israël reste inflexible. « J’ai un message clair pour nos ennemis : ce qui s’est passé le 7 octobre ne se reproduira plus jamais », a déclaré dimanche le premier ministre, Benyamin Nétanyahou. « C’est l’engagement de mon gouvernement et c’est la raison pour laquelle nos soldats sur le terrain donnent leurs vies. Nous devons continuer jusqu’à la victoire totale », a-t-il poursuivi. Samedi soir, des manifestants israéliens rassemblés à Tel-Aviv ont appelé à des élections anticipées et à la démission du gouvernement.
Dans ce contexte, Antony Blinken, qui a entamé à Amman une nouvelle tournée dans des pays arabes et en Israël, a appelé à éviter à tout prix un embrasement du conflit et à prévenir « un cycle sans fin de violences ».
M. Blinken, dont le pays est le premier soutien politique et militaire d’Israël, doit avoir des entretiens avec le roi de Jordanie Abdallah II et visiter un centre du Programme alimentaire mondial, après des visites en Turquie et en Crète. « Nous devons nous assurer que le conflit ne se propage pas, a-t-il dit samedi soir en Crète. L’une des véritables préoccupations est la frontière entre Israël et le Liban (…). »
Le Hezbollah libanais, un allié du Hamas, a tiré samedi des dizaines de roquettes sur une base militaire dans le nord d’Israël, une attaque présentée comme sa première riposte à l’élimination, attribuée à Israël, du numéro deux du bureau politique du Hamas, Saleh Al-Arouri, tué mardi dans une frappe de drone dans la banlieue sud de Beyrouth, un fief du Hezbollah. Depuis le 7 octobre, les échanges de tirs sont quasi quotidiens entre le Hezbollah et les forces israéliennes à la frontière israélo-libanaise. En Syrie et en Irak, les attaques contre des bases militaires des Etats-Unis se sont aussi multipliées depuis le 7 octobre, tandis que les rebelles houthistes au Yémen − soutenus par l’Iran comme le Hamas et le Hezbollah − perturbent le trafic maritime mondial en mer Rouge en y attaquant des navires en « soutien » aux Palestiniens de la bande de Gaza.
M. Blinken a, en outre, insisté sur le caractère « impératif » d’accroître l’aide humanitaire à la population palestinienne de Gaza, « de réduire le nombre des victimes civiles, de travailler à une paix régionale durable et d’avancer vers l’établissement d’un Etat palestinien ».
Dimanche, l’ONG Médecins sans frontières (MSF) a annoncé avoir évacué son personnel d’un hôpital du centre de Gaza. « La situation est devenue si dangereuse que certains membres de notre équipe vivant dans le quartier n’étaient même pas en mesure de quitter leurs maisons en raison des menaces constantes des drones et des tireurs d’élite », a déclaré Carolina Lopez, membre de MSF.
L’offensive israélienne a provoqué le déplacement de 1,9 million des quelque 2,4 millions de Palestiniens, d’après l’Organisation des Nations unies (ONU), qui vivent dans des conditions terribles, manquant d’eau, de nourriture, de médicaments et de soins, avec des hôpitaux pour la plupart hors service. Au point que Gaza est « tout simplement devenue inhabitable », « un lieu de mort et de désespoir », a déploré le coordinateur des affaires humanitaires de l’ONU, Martin Griffiths.
Le Monde avec AFP
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