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Bercy s’apprête à revoir ses prévisions de croissance pour 2024

Les poids lourds de la majorité le reconnaissent eux-mêmes : impossible de faire l’autruche plus longtemps. Les prévisions macroéconomiques sur lesquelles le gouvernement a bâti son budget pour 2024, et fonde certains de ses objectifs politiques comme le plein-emploi en 2027, sont obsolètes. Les unes après les autres, les grandes organisations internationales publient des chiffres bien inférieurs à ceux de Bercy, avec un consensus autour de 0,8 % de croissance cette année, contre 1,4 % dans le scénario du ministère de l’économie.
Dernière en date : l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), qui a annoncé, lundi 5 février, tabler sur une croissance de 0,6 % du PIB en 2024 pour l’Hexagone. L’organisation, par ailleurs relativement optimiste pour la croissance mondiale, a revu ses chiffres à la baisse. L’Insee a, elle aussi, indiqué mardi 30 janvier que le « ralentissement assez sensible » de 2023 pèserait sur 2024, par la voix de son directeur général, Jean-Luc Tavernier. Ce dernier a admis sur France Inter que le chiffre de 1,4 % serait sans doute difficile à atteindre.
L’impact d’un ralentissement de la croissance sur les finances publiques est quasiment immédiat. En moyenne, un point de croissance en moins par rapport aux prévisions plombe le déficit de 0,5 point, le taux de prélèvements obligatoires étant, en France, proche de 50 % du PIB. Mais l’impact est aussi politique. Marqueur d’Emmanuel Macron depuis 2017, la politique de l’offre repose sur l’idée que des baisses d’impôts et des mesures favorables aux entreprises stimulent la croissance et donc la création d’emplois.
C’est aussi la croissance qui doit, dans le logiciel du gouvernement, permettre de rembourser la dette et de réduire le déficit par un surcroît de création de richesses, en évitant d’augmenter les impôts. Tout ralentissement de la croissance est donc susceptible de compromettre les objectifs comme le plein-emploi, très corrélé à l’évolution du PIB, ou la réduction du déficit public. La France s’est engagée vis-à-vis de Bruxelles à ramener son déficit public sous les 3 % en 2027. Le déficit est pour l’heure attendu à 4,9 % en 2023 et à 4,4 % en 2024.
Le ministre de l’économie, Bruno Le Maire, a jusqu’ici toujours confirmé ses prévisions, fustigeant les cassandres, démenties par les faits. En 2023, la croissance a de fait été proche des anticipations de son ministère, à 0,9 %, contre 1 % pour les prévisions de Bercy. Le numéro deux du gouvernement devrait néanmoins rapidement actualiser les chiffres pour 2024, une fois le remaniement gouvernemental passé, et le poste de ministre délégué aux comptes publics à nouveau pourvu. Reste que le moment est désagréable politiquement, tant pour le nouveau premier ministre, Gabriel Attal, que pour le chef de l’Etat, qui rechignent à cette opération vérité. « On ne peut pas attendre trop longtemps si on est en décalage, admet-on à Bercy. On a toujours été assez transparents sur les chiffres. »
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